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Jimmy May:
Un Pro prend la parole

Parole de Pro

Jimmy May enseigne depuis 12 ans sur le Golf isèrois de Charmeil. Pionnier en terme de pédagogie, il  a monté à Renage(Isère) l’un des premiers « swing Lab » de Rhône-Alpes.  Pour Golfinrhonealpes, ce catalan bouillonnant s’exprime sur son rôle d’enseignant et sur la situation du golf en général . Des propos décapants.

 

Golfinrhonealpes : A la Fédération on note un tassement du nombre de licenciés,  faut-il s’inquiéter, le golf est-il moins attractif pour les jeunes ?

Jimmy May :

Je forme à peu prés une vingtaine de golfeurs chaque année qui ne sont pas forcement licenciés.  Je pense qu’il faut juste se concentrer sur les gens qui ont envie de jouer au golf sans pour autant se soucier d’être licenciés. Et pour les jeunes, l’accroche la plus simple, ce sont les copains des enfants qui viennent à l’école de golf que l’on peut approcher. Ensuite pour garder les enfants, il faut qu’ils jouent; mais le problème du golf c’est que c’est un sport compliqué et si les 2 premières années ne sont pas un vecteur de plaisir, les gamins vont arrêter.

 

Golfinrhonealpes : C’est là qu’intervient l’importance de  l’enseignant..

Jimmy May :

On enseigne la même discipline mais pas de la même manière: si je compare avec le ski, j’ai mis ma fille chez les « pious pious » à l’Ecole du ski français, et je me suis rendu compte que le discours des moniteurs de ski est commun à toutes les écoles, à Villard de Lans comme à Tignes. Mais  ce discours pédagogique, on ne l’a pas en France dans le golf.

                          « Le brevet d’enseignant est devenu un business »

  Golfinrhonealpes : Pourquoi  ne pas calquer alors la formation à la pédagogie sur l’exemple des ESF françaises ?

 Jimmy May :

On a une association (Le PGA, NDLR) qui est faible : elle sait organiser des  »Alliances ou des  Pro-Am « mais quand il s’agit de défendre la profession et tirer tout le monde dans le même sens, c’est plus compliqué. Déjà on a laissé la possibilité à des écoles privées de pouvoir faire passer des Brevets en un an. Quand j’ai passé mon brevet d’état sur 2 ans, il y avait la 1°année une contrainte pédagogique énorme et la seconde année un contrat de qualification également très contraignant.

Golfinrhonealpes : Si on vous comprend bien, ces nouveaux Pros ont des compétences  insuffisantes ?

Jimmy May :

Je pense que le nouveau Brevet d’Etat avec l’option golf n’est pas assez sélectif ; a mon époque, (en 2002, NDLR) il y avait 30 places pour 150 postulants; aujourd’hui, moyennant 7 ou 8000 euros, tout le monde peut accéder au diplôme.. C’est devenu un vrai business pour les formateurs et les écoles privées qui forment en un an 90 Pros qui ne trouvent pas forcement de travail d’ailleurs… Le problème aujourd’hui de l’enseignement du golf, c’est qu’il n’y pas de référentiel, de base obligatoire.  Le Pro est livré au bout d’un an de formation à lui-même et il lui faudra 8 à 10 ans pour avoir une pédagogie qui tienne la route !

Golfinrhonealpes : vous pouvez préciser vos conceptions de l’enseignement?

Jimmy May :

Je défends l’idée qu’il faut adapter son discours à l’élève qu’on a en face de soi ! Dans certaines écoles c’est juste l’inverse et ça n’est pas normal. Chaque personne est différente et il faut vraiment être armé en termes de pédagogie pour lui apporter une réponse ; quand on donne un seul axe de travail pour tous,  si un élève a un problème de slice, si il n’y a qu’une solution pour le corriger, on va passer au travers.

« Sur les grands practices parisiens, on n’apprend pas à jouer »

Golfinrhonealpes : Vous privilégiez une méthode d’enseignement ?

Jimmy May :

Personnellement j’utilise un mix de  plusieurs méthodes, celle de Leadbetter chez qui  j’ai passé 15 mois mais j’utilise aussi une pédagogie « à l’ancienne »apprises en Catalogne auprès de Jean Delgado qui m’a formé et qui est une référence dans l’enseignement au pays Basque. La méthode à l’ancienne, c’est un peu comme à l’école du rugby de mon enfance :  on apprend les différents chemins de club, à tirer sur le bras gauche, désarmer le côté droit ; on apprend les trajectoires, etc… On devient autonome lorsque l’on a plusieurs solutions pour se corriger : c’est lié à une pédagogie de base que je pratique. C’est ma manière d’enseigner : à l’école du rugby, j’ai appris à faire des passes à gauche, des passes à droite, des cadrages-débordements ; mais quand on apprend le golf sur un grand practice parisien, pour prendre un exemple, on vous enseigne toujours le même geste, mais au final, on ne vous apprend pas à jouer. La technique, ce n’est pas tout : il ya des gens techniquement pas bons mais qui sont de très bons golfeurs : ils visualisent les trajectoires sans savoir expliquer ce qu’ils font mais ils le font !

Golfinrhonealpes : reste que le golf est toujours un sport est difficile à apprendre..

Jimmy May :

En fait, Le golf est rendu plus simple par le matériel et par certaines structures plus adaptées plus adaptées comme le parcours école dont je dispose sur le golf de Charmeil. Mais si demain je devais enseigner sans parcours  école, je n’aurai pas le même enseignement, ni les mêmes résultats, c’est un tout ! Et c’est pourquoi vous trouvez souvent de très bons enseignants mais qui ne sont pas au bon endroit !

 

propos recueillis par G.E

 

 

 

 



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