Frederic Barba
Après 15 ans à la Direction du Golf Club de Lyon, club emblématique s’il en est, Frédéric Barba livre pour Golfinrhonealpes ses réflexions sur sa vie consacrée au golf .
Golfinrhonealpes: Vous allez quitter le Golf Club de Lyon pour une retraite bien méritée , selon la formule consacrée, quelles sont vos sentiments en ce moment?
Frédéric barba : En fait, ce sont 35 années de Direction de golf et 2 années d’enseignement qui défilent dans ma tête. Je pars, en étant très attaché à ce club et le sentiment d’avoir effectué un travail correct, concrétisé l’an passé par le 100°anniversaire du GCL qui a réuni plus de 700 personnes: une preuve concrète que l’on a réussi le redressement puis le renouvellement de ce club; en 15 ans on est passé de 600 à plus de 850 membres, en renforçant le dynamisme d’un club de membres, qui est pour moi la valeur cardinale. Ceux qui viennent jouer sont chez eux et respectent le jeu de golf…J’ajoute que si je pars avec le sentiment du travail accompli,je pars aussi aussi avec un sentiment de soulagement car on est aussi soumis à de plus en plus de contraintes, réglementaires, environnementales, législatives, sociales qui compliquent la tâche; et puis il faut tenir compte des attentes des nouveaux golfeurs; ils sont davantage consommateurs de golf qu’ acteurs de golf etc’est une direction qui me semble moins intéressante pour un Directeur de golf.
L’époque est au zapping, ce n’est pas l’esprit du golf
Golfinrhonealpes: l’évolution du golf semble vous décevoir..
Frédéric barba : Oui le golf en tant que sport me déçoit un petit peu.. On accepte moins l’effort, les contraintes inhérentes à la pratique et l’apprentissage du golf: aujourd’hui, on veut vite consommer, aller sur le parcours,faire de bons scores …mais l’esprit du golf c’est pas ça
Golfinrhonealpes: c’est peut-être l’émergence d’une pratique du golf moins traditionnelle, plus moderne?
Frédéric barba : c’est vrai qu’il faut faire venir plus de monde au golf, accélérer l’accès au jeu, le rendre sans doute plus attractif , mais le golf reste par nature un sport difficile. L’époque est au Zapping , ce n’est pas l’esprit du golf.
Golfinrhonealpes :Dans les années 80 l’idée du plan de la fédération, le plan vert, c’était de démocratiser le golf, on est loin du compte…
Frédéric barba: c’est une vraie déception, et je m’en souviens d’autant plus que je suis arrivé professionnellement dans le golf par le biais de l’école fédérale de Vichy qui devait former rapidement des moniteurs pour répondre au développement annoncé du golf. Et si jusqu’au début des années 90 il y a eu la construction de nouveaux parcours, malheureusement l’image du golf ne s’est pas tant démocratisée que ça ; aujourd’hui,force est de constater que l’on reste malheureusement un sport confidentiel avec une image de terrains privés, pollueurs , gaspilleurs d’eau, un sport de riches et d’ailleurs les médias et les publicitaires continuent de véhiculer l’image du golf comme s’il fallait avoir une montre de marque …au poignet pour jouer..
Golfinrhonealpes : Comment sortir de cette ornière?
Frédéric barba: il faudra sortir un joueur de niveau mondial; les médias en parleraient alors beaucoup plus facilement avec des retombées plus positives.
Golfinrhonealpes : en fait, il manque un Noah au golf français..
Frédéric barba: évidemment, regardez Tiger Woods, tout le monde le connait même ceux qui ne jouent pas au golf..allez dans la rue et personne ne vous citera le nom d’un golfeur français..c’est la cause principale qui laisse le golf en France sur le bord de la route.
même dans un Creps, l’image du golf n’est pas celle d’un sport!
Golfinrhonealpes: quelle serait la solution…?
Frédéric barba: Paradoxalement , on essayé beaucoup de choses: Golf scolaire, Découvertes, Portes ouvertes.Les grandes chaines comme Blue Green, Ugolf font un très beau travail. La Fédération Français de golf a encouragé les petites structures; tout est fait pour faciliter l’accès au golf et malgré tous ces efforts, on garde l’image d’une activité qui n’est pas un sport: j’ai un fils qui est allé faire un stage pendant les vacances scolaires au CREPS de BOULOURIS. Plusieurs sports étaient représentés et en rentrant du stage, il m’a dit: « on s’est bien foutu de nous au Creps ». Je précise que dans ce stage, il y avait 15 gamins du comité du golf départemental du Rhône venus s’entraîner pour préparer les championnats de France, des footballeurs, des triathlètes de l’équipe de France; et pendant les 3 jours me raconte mon fils, « ils n’ont pas arrêté de se moquer de nous en disant qu’on n’était pas des sportifs « !Voila, même dans un Creps l’image du golf n’est pas celle d’un sport. C’est désolant et comme ce n’est pas perçu comme un sport au niveau médiatique non plus; alors que peut on faire de plus?
Golfinrhonealpes: c’est vrai que la Ryder Cup n’a eu aucunes retombée sinon nombrilistes pour le milieu du golf ,mais les J.O de Paris 2024 pourraient déclencher quelque chose…
Frédéric barba: Oui je crois qu’une médaille aux J.O soit chez les hommes soit chez les dames pourrait déclencher une vague positive pour le golf..
Golfinrhonealpes: C’est votre dernière journée de Directeur du GCL, qu’est ce qui restera de votre action?
Frédéric barba: Avoir stabilisé et développé le GCL; quand je suis arrivé ici ce golf emblématique avait de sérieuses difficultés, financières, sportives, d’ambiance aussi..; et avec toute une équipe, une organisation traditionnelle(comité et bénévoles qui vous font confiance)on a redonné des lettres de noblesse au GCL sans avoir galvaudé son ADN de golf privé sur lequel on vient jouer sans avoir à réserver de départs. Mais il reste évidemment beaucoup à faire.Ce sera la tâche de mon successeur!
Merci Frédéric Barba et bonne retraite!
Propos recueillis par Gérard Emica
Après 15 ans à la Direction du Golf Club de Lyon, club emblématique s’il en est, Frédéric Barba livre pour Golfinrhonealpes ses réflexions sur sa vie consacrée au golf .
Golfinrhonealpes: Vous allez quitter le Golf Club de Lyon pour une retraite bien méritée , selon la formule consacrée, quelles sont vos sentiments en ce moment?
Frédéric barba : En fait, ce sont 35 années de Direction de golf et 2 années d’enseignement qui défilent dans ma tête. Je pars, en étant très attaché à ce club et le sentiment d’avoir effectué un travail correct, concrétisé l’an passé par le 100°anniversaire du GCL qui a réuni plus de 700 personnes: une preuve concrète que l’on a réussi le redressement puis le renouvellement de ce club; en 15 ans on est passé de 600 à plus de 850 membres, en renforçant le dynamisme d’un club de membres, qui est pour moi la valeur cardinale. Ceux qui viennent jouer sont chez eux et respectent le jeu de golf…J’ajoute que si je pars avec le sentiment du travail accompli,je pars aussi aussi avec un sentiment de soulagement car on est aussi soumis à de plus en plus de contraintes, réglementaires, environnementales, législatives, sociales qui compliquent la tâche; et puis il faut tenir compte des attentes des nouveaux golfeurs; ils sont davantage consommateurs de golf qu’ acteurs de golf etc’est une direction qui me semble moins intéressante pour un Directeur de golf.
L’époque est au zapping, ce n’est pas l’esprit du golf
Golfinrhonealpes: l’évolution du golf semble vous décevoir..
Frédéric barba : Oui le golf en tant que sport me déçoit un petit peu.. On accepte moins l’effort, les contraintes inhérentes à la pratique et l’apprentissage du golf: aujourd’hui, on veut vite consommer, aller sur le parcours,faire de bons scores …mais l’esprit du golf c’est pas ça
Golfinrhonealpes: c’est peut-être l’émergence d’une pratique du golf moins traditionnelle, plus moderne?
Frédéric barba : c’est vrai qu’il faut faire venir plus de monde au golf, accélérer l’accès au jeu, le rendre sans doute plus attractif , mais le golf reste par nature un sport difficile. L’époque est au Zapping , ce n’est pas l’esprit du golf.
Golfinrhonealpes :Dans les années 80 l’idée du plan de la fédération, le plan vert, c’était de démocratiser le golf, on est loin du compte…
Frédéric barba: c’est une vraie déception, et je m’en souviens d’autant plus que je suis arrivé professionnellement dans le golf par le biais de l’école fédérale de Vichy qui devait former rapidement des moniteurs pour répondre au développement annoncé du golf. Et si jusqu’au début des années 90 il y a eu la construction de nouveaux parcours, malheureusement l’image du golf ne s’est pas tant démocratisée que ça ; aujourd’hui,force est de constater que l’on reste malheureusement un sport confidentiel avec une image de terrains privés, pollueurs , gaspilleurs d’eau, un sport de riches et d’ailleurs les médias et les publicitaires continuent de véhiculer l’image du golf comme s’il fallait avoir une montre de marque …au poignet pour jouer..
Golfinrhonealpes : Comment sortir de cette ornière?
Frédéric barba: il faudra sortir un joueur de niveau mondial; les médias en parleraient alors beaucoup plus facilement avec des retombées plus positives.
Golfinrhonealpes : en fait, il manque un Noah au golf français..
Frédéric barba: évidemment, regardez Tiger Woods, tout le monde le connait même ceux qui ne jouent pas au golf..allez dans la rue et personne ne vous citera le nom d’un golfeur français..c’est la cause principale qui laisse le golf en France sur le bord de la route.
même dans un Creps, l’image du golf n’est pas celle d’un sport!
Golfinrhonealpes: quelle serait la solution…?
Frédéric barba: Paradoxalement , on essayé beaucoup de choses: Golf scolaire, Découvertes, Portes ouvertes.Les grandes chaines comme Blue Green, Ugolf font un très beau travail. La Fédération Français de golf a encouragé les petites structures; tout est fait pour faciliter l’accès au golf et malgré tous ces efforts, on garde l’image d’une activité qui n’est pas un sport: j’ai un fils qui est allé faire un stage pendant les vacances scolaires au CREPS de BOULOURIS. Plusieurs sports étaient représentés et en rentrant du stage, il m’a dit: « on s’est bien foutu de nous au Creps ». Je précise que dans ce stage, il y avait 15 gamins du comité du golf départemental du Rhône venus s’entraîner pour préparer les championnats de France, des footballeurs, des triathlètes de l’équipe de France; et pendant les 3 jours me raconte mon fils, « ils n’ont pas arrêté de se moquer de nous en disant qu’on n’était pas des sportifs « !Voila, même dans un Creps l’image du golf n’est pas celle d’un sport. C’est désolant et comme ce n’est pas perçu comme un sport au niveau médiatique non plus; alors que peut on faire de plus?
Golfinrhonealpes: c’est vrai que la Ryder Cup n’a eu aucunes retombée sinon nombrilistes pour le milieu du golf ,mais les J.O de Paris 2024 pourraient déclencher quelque chose…
Frédéric barba: Oui je crois qu’une médaille aux J.O soit chez les hommes soit chez les dames pourrait déclencher une vague positive pour le golf..
Golfinrhonealpes: C’est votre dernière journée de Directeur du GCL, qu’est ce qui restera de votre action?
Frédéric barba: Avoir stabilisé et développé le GCL; quand je suis arrivé ici ce golf emblématique avait de sérieuses difficultés, financières, sportives, d’ambiance aussi..; et avec toute une équipe, une organisation traditionnelle(comité et bénévoles qui vous font confiance)on a redonné des lettres de noblesse au GCL sans avoir galvaudé son ADN de golf privé sur lequel on vient jouer sans avoir à réserver de départs. Mais il reste évidemment beaucoup à faire.Ce sera la tâche de mon successeur!
Merci Frédéric Barba et bonne retraite!
Propos recueillis par Gérard Emica